Intersection !
Al Farj'ya
Je me suis mariée dès que j’étais pubère, mon mari, aussi cousin, était « khamass » chez un terrien (ndlr : travailleur de terre agricole contre 1/20 de la récolte), nous sommes Doukkalis du Haad Oulad Frèj, ensuite nous sommes venus dans cette région (rive gauche d’Oum Rabii tout près de la ville d’Azemour), ou mon mari a travaillé dans une ferme d’orangers possédée par un colon français, c’est là que j’ai eu Khéyri, mon aîné, c’était l’année ou le roi fus déporté (1953 ?)…
On travaillait encore pour le même patron lorsque j’ai eu mon deuxième garçon Bouch’aib, je me rappelle que « Nessrany » (le colon) m’avait offert la moitié entière d’agneau, de la farine d’orge tout en m’incitant de bien manger, remplir mes seins de lait pour le nouveau-né, il était un homme bon, très jovial, il parlait arabe et avait l’air d’un vrai « Aroubi » du pays, j’étais tellement contente de cette naissance que j’ai fait du coucous pour mes voisins et camarades de besogne de mon mari …
Mais on avait pas de « chez nous », on habitait des braquements en tôle, on est resté ainsi après la mort de mon pauvre mari, mes fils faisaient les marcher des légumes (en gros), ils ont prospéré dans cette activité, ils me confiaient leur économies que je mettais dans un coin parmi mes affaires, sans rien craindre du tout, ils me ramenaient 30,40 ou 60 « Alfs » (càd mile Riyals/5cent), quand on a amassé une bonne somme j’ai proposé au cadet de se marier à son tour, il a refusé et m’a plutôt propose d’acheter un véhicule au lieux d’être toujours à la merci des transporteurs ….
« Quoi ? que dirait-on ? Oulade Elfar’jya (les fils de) n’ont même pas de demeure et s’achètent une ferraille ? non pas question, on va acheter notre « Hatta » (trd : notre pose, c.à.d. demeure en jargon Aroubi).
Je suis donc allée voir Mr El hadj, qui possédait ces terres que tu vois, j’ai choisis cette portion sur cette colline qui surplombe la mer, El hadj était un bon et honnête homme, il était ravi que je veuille posséder mon chez moi avec mes deux fils, il a donc accepté des acomptes jusqu'au jours ou ne manquait plus à la valeur du terrain que 80 « alfs, il m’invite chez lui, il avait pris de l’âge et malade :
_ « …Alfar’jya ! Demain j’appellerais mon fils de Casa, pour nous amener à El-Jadida, nous écrirons l’acte de vente, je suis malade et on ne sait jamais….
C’est ainsi qu’on a construit notre demeure en dur, j’ai marié mon cadet qui fait toujours les marchés des légumes alors que mon Khayrii a cessé depuis que l’« Oustad » (le professeur) est venu s’installer près de nous …
Taxidriver :_ « je suis sûr que tu étais très belle ma mère, avec tes yeux vers !
Alfar’jya :_ « Qu’Allah t’éclaire ta voie mon fils, oui je l’étais, tu as vu ma petite fille Jihan, elle est mon portrait authentique quand j’étais jeune et forte, mes fils ont dépensés « chéla f’louss » (une fortune) pour me guérir de ma défaillance cardiaque, j’y faillis y passer cette fois, mais louanges à Allah, je suis satisfaite de ma vie….
Khéyrii
_ « Je ne suis pas étonné que le vendeur de légumes que tu as escorté dans ton taxi me connaisse, j’ai sillonné toute la région, mais depuis que l’ « Oustade » est là, j’ai laissé ce commerce pour mon frère, cette collaboration avec cet homme de la ville me suffit, on loue et cultive des terrains, on élève des bovins, louanges au seigneur c’est bénéfique pour tout le monde.
….tu as remarqué que l’eau des puits est saline ? Il est de plus en plus difficile de tomber sur de l’eau limpide dans cette région (côtière entre Azemour et Casa), les récoltes en soufres, le « makhzen » nous a promis de l’eau potable, mais ça tarde…Tu as bien remarqué sur la route « Hadeekla3weena » (trd : robinet publique la bas) !
…Depuis que l’ « Oustad » est là, d’autres sont venu me proposé du travail ou de la collaboration, parmi eux l’avocat qui a construit cette villa avec piscine que tu as vu l’autre jour, mais je me suis excusé, l’(Ostade ) est un homme simple et bon, j’apprends beaucoup de chose avec lui et on se comprend bien, pourquoi aller chercher ailleurs ?
L’autre jour, on est allé ensemble à Azemour en voiture, à la sortie du virage qui mène à la ville, un policier nous arrête, demande les papiers, «l’ Oustade » s’exécute, après un moment le policier lui rend ses papiers mais l’(Oustade) refuse de les prendre avant qu’il lui explique le pourquoi de cet attardement, il a malmené le pauvre policier, c’est ce dernier qui le supplia et s’excusa pour que nous en allions ! J’ai jamais vu cela auparavant, nous ne discutons pas avec l’autorité ici …
En plus de tout ça, l’(Oustad) est un sacré bricoleur (effectivement, son garage est doté du plus simple tournevis à la tronçonneuse ! ) tout le monde dans les environs ont recours à lui pour réparer moteur ou batteries de pompages et autres (ils utilisent des moteurs diésel qui marche au gaz butane ) .
L’( Oustade )
…j’aurais pu engager un gardien pour garder la demeure pendant mon absence à Casa, mais ça serait du gâchis d’argent sans rente, mais j’ai pensé à mieux encore, une collaboration avec « Khéyrii » qui est chez lui avec enfants, on élève du bovin, on cultive les terres avoisinantes, je finance le tout, lui travail, et moi aussi d’ailleurs et on partage fifty-fifty !
Il m’arrive de m’absenter des mois sans soucis, surtout en hivers ….
"Écoute je n’adhère pas à tes théories de Culture de « bonté » et «méchanceté », il y a du bon et du mauvais chez tout le monde, il suffit de « promouvoir » le coté dont tu as besoin dans chacun et tu auras gain de cause, je te citerais un exemple concret, un gars de la région connu par ses déboires avec tout le voisinage, se plante devant moi me demandant 400 dh pour une semaine, alors que je le connaissais que de vu, je lui file 500 dh, des semaines se passent sans qu’il les rende, Khéyri me le reproche , je le rencontre sur la route en me suffisant de le saluer sans jamais lui rappeler son manque d’engagement, un jour il se plante devant chez moi et me file les 500 dh avec miles excuses. En voici un autre, tu avais remarqué l’autre fois que le domaine manquait d’un portion pour former un rectangle, la partie manquante appartenant à autre gars réputé pour être difficile dans le négoce si jamais je lui demandais de me céder le terrain en question, un jour il m’appelle voulant à tout pris que je lui prête 10 000 dh, je lui ai menti en disant que je n’avais que 5000 et que je lui procurerais le restant en faisant crédit chez autrui et qu’il faut qu’il me les rendes dans le délai, il promet, un mois, deux passent, rien ! Je me suffis de l’appeler et réclamer gentiment mon argent …rien. Un jour il m’appelle : « Mr Oustad, j’ai des ennuis financiers, je n’ai pas pu te rendre la somme, que dirais tu que je te vende la portion adjacente à la tienne ?
Taxidriver
Voilà une histoire anodine de collaboration entre un professeur de math, de Casa, originaire de la médina et jouant du luth et le banjo, bien que sa voix ne le suit pas mais arrive à chantonner des classiques de Mde Abdelwahab, Halim ou carrément des chansons de hadj Bel3id en Amazigh…
Marié à une jolie dame sosie de Meryl Streep, grande couturière qui fait des merveilleux caftans, sa fille ingénieur informatique et musicienne aussi, jouant au piano, guitare et chantant avec une chorale à Casa, son fils est avide de montages vidéos et d’animations trois D et fonctionnaire d’une banque de la place, chez eux on se faufile entre des PC allumé, livres, instruments de musiques et patrons de coutures, bref une famille ou l’on ne pense pas seulement à se remplir la panse !
En plus de tout ça ils sont dotés d’humour à faire fondre les déprimés.
Une famille anodine qui s’est offerte un deuxième demeure en compagne étrangère à leurs origine Soussi, sur les rives du fleuve « Oumrabie », voisinant une autre famille, celle d’Afarj’ya, la vieille femme à l’hiver de sa vie descendante d’un des saints de Doukkala à Had w’llad fréj, mais ses fils ont fondé leurs fiefs la gratifiants de nombreux petite descendances dans une grande maison, certes partagée mais unie.
La collaboration entre l’(Oustad) et Khayri son aîné a créé une intersection entre deux mondes, deux cultures et Culturations, deux sujets de sa majesté.
TD a remarqué au fil des visites que chez Alfar’jya et ses fils, les comportements changent et aspire à s’ améliorer et à se raffiner par l’effet de cet intersection , on repeint les murs, bien que la couleur n’est pas très assortie avec celle des matelas, et plein d’autres aspect… Mais TD a du mal à se défaire d’un petit détail et ça tombe bien, cette chronique est un peu trop sérieuse, une certaine semaine de la fête du mouton, invité chez Alfarjya, TD remarque une table dans le salon, un support qu’on utilise tous pour y introduire le rouleau de serviette en papier blanc détachable, on s’en sert pour comme serviette pratiques et jetables lors des repas ! Vous vous dites et alors ?
Hé bien ce n’est pas le rouleau en question que vois TD, tenez-vous bien ce sont deux rouleaux de papier toilette (papier Q) l’un sur l’autre !
Ce n’est pas tout, si c’était du papier blanc ça aurait passé mais rose ?
TD a vu des peintres s’en servir pour essuyer pinceaux et lamelles mais de là à…
Bon cette collaboration ne peux être que bénéfique et donner lieu à un thème de réflexion de développement humain en monde rural et faire descendre les citadins de leur stèle et apprendre la simplicité et la facilité de vie d’Alfajéya !
(TD :j’arrête le développement de mes idée là espérant une participation des lecteurs, merci à plus )
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TD tenant la source des lumières entre 2 doigts |
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